L'église Saint-Acceul

Eglise Saint-Acceul-parvis-Ecouen
Saint-Acceul - Ecouen - Intérieur

L’église actuelle résulte de plusieurs phases de reconstruction d’un édifice plus ancien, démoli au fur et à mesure de l’avancée du chantier.
L’abside et le chœur étaient achevés vers 1540; le maître d’œuvre pourrait être Charles Blart, qui travaillait également au château à la même époque.
Un collatéral, qui n’était pas prévu initialement, est rajouté et achevé vers 1545.
A la même époque, on construit les deux premières travées de la nef.
C’est également alors que le vitrage du chœur et du bas-côté est mis en place.
Le clocher, resté inachevé, est plus tardif, vers 1560.
Les formes flamboyantes cèdent la place à celles de la Renaissance.
A cette époque, Jean Bullant était peut-être en activité sur le chantier de l’église. Il y est enterré en 1578.
La nef de l’ancienne église subsiste jusqu’en 1709, date à laquelle le seigneur finance la nouvelle.
C’est seulement en 1851 que l’église reçoit une façade. De style néo-renaissance, elle est due à l’architecte des monuments historiques Garrez.

L’église Saint-Acceul d’Ecouen est l’un des édifices religieux les plus importants dus à la munificence d’Anne de Montmorency.
• C’est en 1536 que débutent les travaux destinés à reconstruire l’ancienne église, sur laquelle nous ignorons presque tout.
En effet, le renouveau démographique du «beau XVI ème siècle» entre Guerre de Cent ans et Guerres de Religion rendait nécessaire la reconstruction de l’église.
Le connétable édifie alors à Ecouen le somptueux château que nous admirons toujours et aide également à la reconstruction de l’église.
Bien qu’inachevée, la partie de l’édifice datant du XVI ème siècle abrite une série de dix verrières constituant un ensemble unique qui permet de retracer l’histoire du vitrail Renaissance de son apogée à son déclin.
Ces vitraux portent également les visages de leurs donateurs, parmi les noms les plus célèbres de l’époque, et illustrent certaines controverses religieuses du temps de la Réforme.
Ce sont justement les Guerres de Religion qui viennent interrompre la construction de l’église, dont la nef n’est édifiée qu’en1709 grâce aux libéralités du prince de Condé.
Il existait sans doute déjà une église à Ecouen en 632 quand Dagobert donne cette terre à l’abbaye de Saint-Denis.
• La dédicace à Saint Acceul, unique en France, est attestée lorsque les barons de Montmorency, seigneurs d’Ecouen depuis le XI ème siècle, cèdent l’église au prieuré de Saint-Martin-des-Champs, en 1060.
Il s’agit là d’un exemple intéressant de «fusion» de deux personnages: Saint Acheul d’Amiens, martyr du III ème siècle, donna probablement son vocable à l’église, mais lors de la croisade contre les Albigeois, les Montmorency ramenèrent à Ecouen une relique de Saint Andéol du Vivarais et, depuis ce temps, les deux saints sont considérés ici comme une seule et même personne, sans doute à cause du martyre identique qu’ils ont tous deux subi.

Saint-Acceul - Ecouen - Fonds Batismaux
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Détail voute
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Fond Baptismaux
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Clavicule du reliquaire de Saint Andeol
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Vitrail - Madeleine de Savoie
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Vitrail - Détail cloche
Saint-Acceul - Ecouen - Illustration 1845
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Vitrail - illustration
Eglise Saint-Acceul - Ecouen - Peinture - transfiguration de Raphaël
Visite extérieure

L’aspect extérieur de l’église manque d’homogénéité et témoigne des différentes phases de construction.

Le chœur est un très bel exemple d’architecture flamboyante.
La structure a été conçue de façon à laisser le plus d’espace possible aux surfaces vitrées: de gracieux contreforts* agrémentés de pinacles*légers et couronnés d’animaux fantastiques scandent cette «cage de verre», qui rappelle la Sainte-Chapelle.
La fragilité de ces contreforts, associée à la déclivité du terrain, est à l’origine des graves problèmes de stabilité dont souffre l’église et qui ont rendu nécessaires plusieurs campagnes de consolidation.
Les mêmes maîtres d’œuvre qui travaillaient au château en suivant les principes redécouverts de l’Antiquité, restaient ici fidèles à l’art gothique, cadre traditionnel de la prière, tout comme à la chapelle de ce même château.
Cette partie de l’église est couverte d’un comble aigu.

La nef, bâtie 150 ans plus tard en moellon et non plus en pierre de taille, apparaît beaucoup moins ambitieuse que le chœur du XVIème siècle.
Les Guerres de Religion avaient interrompu le chantier, comme en témoignent les pierres d’attente* visibles près du clocher.

Le clocher est une tour massive située sur le flanc nord de l’église. C’est la seule partie de l’édifice à présenter une ornementation purement Renaissance, faite de lourds contreforts à pilastres*, de corniches et de frontons qui rappelle celle du château. De part et d’autre de la porte située à la base, on voit les armes des Montmorency, martelées à la Révolution.
Il manque sans doute à ce clocher ses étages supérieurs, jamais édifiés.
A l’intérieur se trouve l’une des plus anciennes cloches du Val-d’Oise. Fondue en 1554, elle porte les armes et la devise latine d’Anne de Montmorency.
Elle pèse 1300 kg et accompagne deux cloches de 1878 pesant respectivement 850 et 600kg.

La façade occidentale date de 1851. Sur le portail, on peut voir une statue de Saint Acceul portant l’instrument de son martyre, la scie.

Visite intérieure

En entrant dans l’église, on peut apprécier l’ampleur du chœur élevé entre 1536 et 1545.
Son architecture est directement inspirée de la collégiale de Montmorency, dont le chœur était acheté depuis 1531, mais les retombées des voûtes, plus hautes, donnent plus d’élancement à l’ensemble.

Les voûtes flamboyantes présentent un réseau de liernes* et de tiercerons* très élégants.
L’ensemble du décor du chœur illustre le thème de la Passion et de la Résurrection du Christ.
Il rappelle également les Montmorency, qui financèrent cette partie de l’édifice.
Sur la voûte, on peut voir peints les emblèmes du connétable.
Le décor sculpté est très discret; il se limite à des anges portant les instruments de la Passion, sur les retombées des voûtes.

Le grand retable* date du début du XVIII ème siècle. On y voit une copie ancienne de la Transfiguration de Raphaël.

Les verrières du chœur constituent un ensemble d’une grande qualité.
Elles illustrent l’influence de l’école de Fontainebleau dans l’art du vitrail en Île-de-France en milieu du XVI ème siècle.
Les influences italiennes sont associées à des références flamandes, toutes deux mises en œuvre par des artistes également actifs sur les chantiers royaux.
Les verres colorés sont employés avec goût, le réseau des plombs et la technique de la grisaille* sont mis au service de l’expressivité des formes.
Au registre inférieur, on voit, à gauche, Anne de Montmorency (son portrait a été refait en 1587) et ses fils, à droite, Madeleine de Savoie et ses filles, portraits semblables à ceux de la chapelle du château, et légèrement antérieurs à ceux de Montmorency.
Les armes du connétable, «d’or à la croix de gueule cantonnée de 16 alérions* d’azur», figurent sur les soubassements ainsi que sa devise grecque Aplanos.
Ces mêmes alérions occupent le tympan des fenêtres à remplage flamboyant.
La première fenêtre à droite a été donnée par Odet de Châtillon, frère de l’amiral de Coligny, chef du parti protestant.
Le cardinal, qui devait bientôt embrasser la Réforme, fit illustrer ici des thèmes brûlants, au cœur des controverses religieuses: le péché originel et la remise du bâton pastoral à Saint Pierre.

Une deuxième série de vitraux est légèrement postérieure; les influences italiennes y sont prépondérantes.
Les scènes sont plus claires et s’affranchissent du cadre architectural.
De cette série datent la verrière de la baie d’axe, et surtout dans le collatéral gauche, les scènes de la Vie de la Vierge; le goût des drapés et des architectures antiques est désormais affirmé.
La verrière de l’annonciation et de la Visitation est sans doute la plus représentative.
La composition de la Dormition et de l’Assomption est plus tardive, et date sans doute des années 1560.
Les deux derniers vitraux du XVI ème siècle sont ceux des deuxième et troisième travées à droite du chœur: données en 1587 par Henri de Montmorency, le verre de couleur n’est employé que dans la partie basse (le verre blanc est d’origine), et seul le portrait des donateurs, occupant la lancette centrale de chaque fenêtre, a été réalisé avec soin.

La nef reçut, lors de sa construction en 1709, quatre belles vitreries dessinant des «chevrons debout» à bordure peinte à l’émail* et au jaune d’argent*, représentant des motifs floraux et les armes des Condé et de Bavière.
Le prince de Condé, dont la famille avait reçu, en 1696, l’héritage des Montmorency, avait en effet épousé la princesse palatine de Bavière.

La nef est couverte d’un lambris de bois.

L’orgue, acheté en 1849 par la fabrique, cache derrière une modeste façade une tuyauterie datant en partie du XVIII ème siècle.

La chapelle sous le clocher est dédiée à Saint Acceul. On y voit le reliquaire* en bois doré de 1730, sauvé à la Révolution, contenant la clavicule du saint, un groupe sculpté du XVI ème siècle figurant une Annonciation, ainsi que le registre inférieur de la baie d’axe figurant les Saints Acceul et Accius.
Ce vitrail a été ôté de son emplacement d’origine au XVIII ème siècle, suite à la pose du retable qui l’occultait.

Les fonts baptismaux, ornés de rinceaux*, de têtes d’anges et de lions, datent du XVI ème siècle.

Les cloches de l’église
Parmi les richesses de l’église, il en est une qu’il est difficile d’admirer : la cloche du Connétable.
Quelques années après la construction du clocher en 1550 par l’architecte Jean Bullant, on installa trois cloches, dont l’une, la plus grosse, pesant 1111kg, fut baptisée Anne, du prénom du Connétable de Montmorency.
A la différence des deux autres, elle échappa à la fonte lors de la Révolution française car elle sonnait les heures et était donc utile à la population.
En 1878, sous la mandature du peintre Pierre Edouard Frère, deux cloches furent installées : Louise Gabrielle et Alexandrine.
C’est à la mairie que l’on sonne les heures désormais.